rançois Beya, ancien conseiller spécial du président congolais Felix Tshisekedi en matière de sécurité sera devant les juges de la haute cour militaire, ce vendredi matin à Kinshasa. Lui et ses 5 co-accusés sont poursuivis pour avoir, entre 2020 et début février 2022, « participé à un complot en vue d’atteinte contre la personne du président de la République ». Quelles charges pèsent contre cet homme qui a servi tous les précédents régimes congolais?
Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa
Le procureur militaire affirme d’abord que François Beya, sans autorisation du ministère de la Défense et de la Présidence aurait ordonné à un colonel, chef de son protocole, d’acheter du matériel militaire auprès d’une société belge : « trois tenues militaires, un polo militaire, un sac à dos, une paire de bottines et deux ceinturons ».
L’accusation la plus étayée par le procureur militaire porte sur des liens qu’avaient maintenu François Beya et certaines figures controversées de l’entourage de l’ancien président Joseph Kabila.
En 2021, il se serait rendu à Harare, au Zimbabwe pour y rencontrer en personne le général fugitif John Numbi, l’ancien inspecteur général de l’armée et principal suspect dans l’assassinat de deux défenseurs des droits de l’homme, Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.
L’auditorat militaire soupçonne aussi John Numbi de s’activer au recrutement d’anciens miliciens congolais refugiés en Angola et en Namibie pour renverser le régime en place.
Le procureur militaire retient contre François Beya le fait de s’être abstenu de livrer au président des informations « sur des projets ou actes de trahison ou d’espionnage ».
En guise d’exemple, la citation à comparaître fait allusion aux « actes préparatoires de déstabilisation du pouvoir de Kinshasa à partir de la Tanzanie suite à la mutualisation des forces entre la RDC et l’Ouganda ».
L’ancien patron de la sécurité nationale aurait aussi dissimulé, selon l’accusation, l’existence d’un réseau d’infiltration des miliciens Bakata Katanga dans les grandes villes du Katanga. Le procureur parle aussi de propos injurieux qu’auraient tenus François Beya à l’encontre du chef de l’État. Pour cette charge, il dispose des messages audio.
Ses avocats n’ont pas souhaité s’exprimer avant l’ouverture du procès.