Né en 1980 à Ndiaye Ndiaye, un village situé non loin de Ndiaganiao, dans le département de Mbour, Bassirou Diomaye Faye est un pur produit du terroir rural. Son enfance et sa prime jeunesse auront été celles de tous les bambins dans l’environnement agricole. Partagé entre l’école primaire à la mission catholique et les travaux champêtres, il a révélé avoir également effectué des corvées domestiques comme le puisage de l’eau, le linge, le ramassage du bois de chauffe, le pillage du mil et bien d’autres tâches au profit de sa mère. Mais l’enfant dans le cadre familial avec une éducation stricte était assidu dans ses études. Ce qui lui valut ensuite de rejoindre Ndiaganiao pour la première phase de son cursus secondaire. Toujours parmi les meilleurs de sa classe, après le BFEM, il fut transféré Mbour où il a décroché son bac au Lycée Demba Diop en l’an 2000. Apres ce tournant décisif, il sera projeté à Dakar à l’université Cheikh Anta Diop. C’est dans cet univers bigarré qu’il réussit sa Maîtrise en droit. Une fois sur ce piédestal, il tente le concours de l’Ecole nationale d’administration(ENA) et passe haut la main. Ainsi a commencé la carrière du natif de Ndiaye Ndiaye comme inspecteur des impôts au centre des professions libérales et à la brigade des vérifications.
Fils d’un technicien du monde rural et militant politique, Bassirou Diomaye Faye emboîte aussitôt les pas de son père et plonge en politique. Le parti politique Pastef crée avec son ami indéfectible, le dynamique Ousmane Sonko sera le cadre de son expression.
Devenu la seconde roue de la charette en s’investissant corps et âme à sa mise en place et le déploiement de cette formation turbulente dans l’espace politique, il était nommé secrétaire général en 2023. C’est l’année de braise pour ce parti, harcelé et traqué par le régime du président Macky Sall dont le principal lieutenant, Amadou Ba, était aussi un collègue à la direction des Impôts et Domaines.
En même temps que cette intrusion manifeste dans la confrontation politique, Bassirou était aussi un fervent syndicaliste, leader du syndicat des travailleurs des Impôts et Domaines. Et en tant que secrétaire général de ce mouvement corporatiste, il était souvent au front de véhémentes revendications.
Son parti sera hélas de plus en plus dans l’œil du cyclone. Le principal chef de file dans le collimateur du pouvoir en place subissait toutes les cabales judiciaires. La descente aux enfers se traduira par son l’arrestation. C’est ensuite la dissolution du parti et son interdiction pure et simple par les autorités gouvernementales. S’y ajoutera une vague d’arrestations sans limite et l »ostracisme sans compassion contre tous ceux qui s’en réclamaient par des positions ou déclarations contraires. En avril 2023. suite à sa dénonciation contre la justice biaisée par le régime, Bassirou sera arrêté lui aussi arrêté et incarcéré à son tour. Mais le parti ne désarme pas face à la virulence des mesures contre ses militants. Condamné par un argument judiciaire évasif, Ousmane Sonko est radicalement écarté des élections et son parti rayé.
Ce qui ne fera pas baisser les bras de son leader qui porte son choix sur Bassirou Diomaye Faye comme plan B. Bien que reclu dans le milieu carcéral, ce dernier dépose sa candidature. Comme dans tous ses examens précédents, elle est validée par le conseil constitutionnel avec 19 autres postulants.
En prison, avec trois autres détenus il vit des conditions exécrables dans une petite cellule. Cela ne l’a pas empêché de mener sa campagne électorale avec l’appui des militants plus que jamais mobilisés et décidés d’en découdre avec Macky Sall.Une confrontation redoutée par le président qui a tenté sans succès de repousser les élections. Ce sera finalement le 14 mars 2024, que Bassirou sera libéré, en pleine campagne électorale improvisée et précipitée suite à l’application de la loi d’amnistie générale adoptée par la majorité des députés aussitôt après sa promulgation.
Aujourd’hui. Bassirou Diomaye Faye est maintenant le 5éme Chef de l’Etat de la République du Sénégal avec un plébiscité national dès le premier tour. Son score qui frise les 60% n’a donné aucune contestation. Ce qui lui a valu les félicitations de tous ses concurrents. Son principal rival, candidat de la coalition Benno Book Yakaar (BBY) vient de lui tirer le chapeau après des élections transparentes et bien organisées qui ont fait sortir le Sénégal du long tunnel de la crise politique qui a assez duré. Une victoire surtout pour la démocratie sénégalaise qui en a tiré de nouveaux galons en Afrique par son cheminement certes chaotique, mais exemplaire.
Sidy Mohamed NDIAYE